Sandra Graf, Athlétisme, Cyclisme

Sandra Graf a grandi dans le canton d’Appenzell, plus précisément à Gais. Durant son enfance et son adolescence, elle a toujours été très active. Aux côtés de ses sœurs, elle participait souvent à des courses de ski. Elle n’a néanmoins jamais réussi à atteindre le niveau pour intégrer un cadre. Elle a donc décidé de commencer un apprentissage, sans pour autant arrêter le sport. Elle continua les entraînements d’athlétisme et de gymnastique au sein du club de gymnastique TV Teufen.

Lors d’un entraînement de gymnastique en septembre 1991, elle tomba des anneaux. Cet accident la rendit paraplégique. Sa première réadaptation se déroula à Nottwil, au Centre suisse des paraplégiques. Pendant cette période, elle participa déjà à un cours d’essai de monoski et ne tarda donc pas à retrouver les plaisirs de la glisse. Au début, elle craignait que le ski-bob ne lui permette pas de vivre les mêmes sensations qu’avant son accident. Son opinion changea très vite. Sandra partit ainsi pour une semaine de ski directement après sa sortie du centre de Nottwil.

Des Jeux d’hiver aux Jeux d’été

Rien de surprenant donc qu’elle ait tout de suite commencé à prendre part à des camps d’entraînement ainsi qu’à des courses et qu’elle ait aussi intégré le cadre. Près de trois ans et demi après son accident, elle participait déjà aux Jeux Paralympiques d’hiver à Lillehammer en 1994. Elle termina d’ailleurs quatrième du slalom géant.

La même année, Sandra et son mari Martin sont devenus parents d’une petite Melanie. Le sport garda une place importante dans la vie de Sandra, malgré son nouveau rôle de maman. Même directement après la réadaptation, elle avait bien commencé la course en fauteuil roulant et participé à différentes courses sur piste et à des marathons. Mara, la deuxième fille de Sandra et de Martin, vint au monde en 1997.

Grâce à la précieuse aide des grands-parents, l’Appenzelloise a pu reprendre les courses peu de temps après son accouchement et se concentrer sur la préparation pour les Jeux d’été de Sydney en 2000. Elle obtint sa qualification et entra ainsi dans le cercle restreint des athlètes ayant participé à des Jeux Paralympiques d’hiver et d’été. En Australie, elle termina le marathon en cinquième position. Au fil des ans, Sandra Graf a pu diversifier son entraînement et progresser. Au printemps 2004 au Tessin, elle établit un nouveau record du monde sur le 5000m. Elle se plaça alors parmi les favorites pour le titre juste avant les Jeux d’Athènes. Malheureusement, elle fut victime de problèmes de matériel. Une vis se détacha au niveau de la direction, ce qui obligea Sandra à guider son fauteuil dans chaque courbe. Elle ne pouvait donc plus utiliser ses deux bras pour faire avancer son fauteuil et termina la course à une décevante sixième place.

Premier podium

Quatre ans après, aux Jeux de Pékin, l’Appenzelloise n’a pas non plus été épargnée. Elle prit à nouveau le départ du 5000m avec de grandes attentes. Sa coéquipière Edith Hunkeler commença la course de la meilleure des manières. Néanmoins, à la sortie d’un virage, elle sortit de sa ligne et engendra la chute de plusieurs coureuses. Sandra arriva heureusement à y échapper. Or, la course fut annulée et le départ fut donné à nouveau. Lors de cette nouvelle course, Sandra souffrait d’une infection de la vessie et ne se trouvait donc pas en possession de toutes ses capacités. Par contre, une autre occasion de remporter une première médaille paralympique se présenta à elle lors de l’épreuve du marathon. Pendant la course, le peloton restait très compact. Sandra savait qu’elle devait tenter sa chance par une échappée. Elle entra en premier dans le Nid d’Oiseau de Pékin. Cependant, deux de ses concurrentes arrivèrent à la dépasser sur les derniers mètres. Sandra finit la course à la troisième place et remporta enfin sa première médaille paralympique.

Après les Jeux de Pékin, elle essaya de trouver de nouvelles stimulations à l’entraînement et découvrit le handbike. Dans ce sport, elle pouvait définir librement ses parcours d’entraînement et s’entraîner avec son mari et ses deux filles. Pour ses premiers championnats du monde en 2010, elle remporta déjà deux médailles d’argent. L’année suivante, les championnats du monde d’athlétisme se déroulèrent à Christchurch (Nouvelle-Zélande). Elle se classa deuxième sur le 5000m et le marathon, où elle manqua le titre mondial d’un rien. Cette année-là, elle subit le même sort aux championnats du monde de paracyclisme : il a fallu avoir recours à la photo-finish pour départager les coureuses, au désavantage de Sandra.

L’or à Londres

Un an plus tard, les Jeux Paralympiques se déroulèrent à Londres dans une ambiance fantastique. Pour Sandra Graf, ces Jeux ont malheureusement débuté par une déception. Sur la course de 5000m, sa route s’arrêta déjà lors des séries. Heureusement, cette course fut vite oubliée et Sandra put se concentrer sur les autres épreuves en handbike. La course sur le circuit automobile de Brands Hatch était importante pour elle. Elle réussit enfin à inverser la vapeur lors d’un grand événement. Au contre-la-montre, elle battut sa rivale de toujours Monica Bascio et s’assura ainsi son premier titre paralympique. Elle termina ensuite troisième du marathon, une performance qui lui procure une troisième médaille paralympique au total.

Les années suivantes furent difficiles pour l’Appenzelloise. Ses performances ne se révélaient pas à la hauteur de ses attentes, comme lors des championnats du monde de paracyclisme en 2013 et en 2015, même si elle y remporta deux médailles de bronze à chaque fois. En 2014, les championnats du monde de Greenville (États-Unis) se terminèrent déjà lors de l’échauffement du contre-la-montre : Sandra fut heurtée par une voiture et se blessa le bras dans sa chute, ce qui l’empêcha de prendre part aux compétitions.

Porte-drapeau

Aux Jeux Paralympiques de Rio, elle eut le grand honneur d’être choisie comme porte-drapeau de la délégation suisse pour la cérémonie d’ouverture. Cette nomination procura à Sandra un sentiment incroyable et représente une belle reconnaissance de ses performances. Pour les courses de paracyclisme des Jeux de Rio, plusieurs classes de handicap furent réunies, ce qui constitua un désavantage de taille pour la Suissesse et l’empêcha d’intervenir dans la bataille pour les médailles.

Durant la saison 2019, elle retrouva une excellente forme physique, notamment grâce à un entraînement musculaire plus intensif. Aux championnats du monde à Emmen (Pays-Bas), elle a tiré une analyse assez critique de sa propre performance. La médaille de bronze qu’elle portait autour de son cou indiquait pourtant un résultat plutôt positif. Ensuite, elle réussit à élever son niveau d’un cran lors de la course sur route. Sandra s’est maintenue longtemps dans le groupe de tête et a su résister aux dangereuses attaques de ses concurrentes. Sa volonté fut récompensée par une médaille d’argent.

Le sport représente un aspect important de sa vie, même dans son temps libre. Sandra s’engage encore activement pour le club de gymnastique de Teufen. Elle se rend aussi régulièrement aux entraînements du club en fauteuil roulant de Saint-Gall. En hiver, on aperçoit parfois l’Appenzelloise sur les pistes de ski de fond de la région. De plus, elle joue la supporter pour sa fille lorsque cette dernière participe à des compétitions sportives.