Un objectif minimal de trois médailles
Treize athlètes pratiquant le ski alpin (7), le ski de fond (1) et le curling en fauteuil roulant (5),dont dix hommes et trois femmes, représenteront la Suisse aux Jeux Paralympiques de PyeongChang (du 9 au 18 mars). L’objectif est d’obtenir trois médailles au minimum.
Cet objectif a été communiqué par la Cheffe de Mission Luana Bergamin (Lenzerheide/Volketswil) au cours de la conférence de presse de Swiss Paralympic dans la halle de curling de Berne Allmend. En 2014, à Sotchi, la délégation était composée de huit skieurs alpins. Cette année, la Suisse sera de nouveau représentée dans les compétitions de ski de fond et de curling en fauteuil roulant, comme en 2006 (à Turin) et en 2010 (à Vancouver).
« Cela montre qu’en Suisse, il n’y a pas qu’en ski alpin que le sport paralympique se pratique dans une optique de performance », a souligné Luana Bergamin, qui faisait partie de la délégation olympique à Sotchi en tant que guide d’un skieur présentant une déficience visuelle. Les athlètes qualifiés pour PyeongChang viennent de dix cantons (Bâle, Berne, Fribourg, Grisons, Neuchâtel, Schwyz, St-Gall, Tessin, Valais et Zurich). Huit d’entre eux sont des athlètes en fauteuil roulant et cinq concourent dans la catégorie « debout ».
Pour ces Jeux-ci, un objectif de trois médailles au minimum a été déclaré. Depuis l’introduction des catégories « déficient visuel » / « assis » / « debout » il y a douze ans à Turin, la Suisse n’a jamais obtenu plus de trois places de podium. « Il s’agit de fixer des objectifs élevés, mais réalistes. Nous sommes convaincus que nos athlètes sont capables d’établir un nouveau record hivernal », a déclaré la Cheffe de Mission pour expliquer les réflexions de l’organe de sélection.
Christoph Kunz comme leader de l’équipe
La délégation de 31 personnes est menée par le double champion paralympique Christoph Kunz (Reichenbach, BE). Sur sa luge-monoski, le Bernois de l’Oberland a remporté l’or (descente) et l’argent (slalom géant) en 2010 à Vancouver, et s’est distingué en décrochant l’unique médaille suisse de Sotchi 2014 grâce à sa victoire en slalom géant. A 36 ans, ce père de quatre enfants, champion du monde en titre de super-G, compte parmi les favoris dans toutes les disciplines à l’exception du slalom.
Thomas Pfyl (Schwyz, SZ), Michael Brügger (Plasselb, FR) et l’Américaine naturalisée en mai Stephani Victor, épouse du Valaisan Marcel Kuonen, ont déjà tous remporté des médailles paralympiques. Tous trois se remettent de blessures, comme le nouveau venu Murat Pelit (Stabio, TI). En 2004, Thomas Pfyl s’était adjugé ses deux premières médailles de CHM, complétées deux ans plus tard par l’argent et le bronze à Turin. Les trois places de podium obtenues en Coupe du monde cette saison donnent à penser que sa traversée du désert paralympique pourrait trouver son terme en Corée du Sud.
De jeunes loups
L’exploit de la saison 2017/2018 a été réalisé par Théo Gmür, 22 ans (Haute-Nendaz, VS). Vice-champion du monde de slalom géant, le double vainqueur de la saison s’est adjugé le petit globe de cristal au classement général de cette discipline. Avec le spécialiste de la vitesse Robin Cuche (Saules, BE), deuxième aux CHM en super-combiné et de deux ans son cadet, il forme l’ambitieux « duo de jeunes ».
Si un objectif de trois médailles au minimum a été fixé, c’est en bonne partie grâce à la présence de ces « jeunes loups » dans la délégation. « Pour moi, Théo Gmür et Robin Cuche font partie des athlètes fortement susceptibles d’obtenir une médaille, au même titre que Christoph Kunz et Thomas Pfyl », déclare Luana Bergamin. « Malgré leur jeune âge, je pense qu’ils peuvent créer la surprise. » Comme lors des Jeux Olympiques, les athlètes de ski alpin résideront pour la plupart non pas dans le village paralympique, mais près des sites de compétition.
Unis par le destin
Par le passé, les résultats de l’équipe de curling aux Jeux Paralympiques ont rarement fait du bruit dans les médias. Quatrième des CHM 2016, la formation vise cette fois-ci l’accession en demi-finale au terme des onze parties du Round Robin, soit la quatrième place au minimum à l’issue des qualifications, selon l’entraîneur national Stephan Pfister (Lucerne, LU). « Les derniers tournois l’ont montré : nous sommes capables de battre n’importe quelle nation, mais aussi de perdre contre n’importe laquelle », explique le porte-drapeau Felix Wagner (Russikon, ZH). Avec ses deux coéquipières et ses deux coéquipiers lanceurs de pierre, il sait combien la frontière entre victoire et défaite peut être ténue. Dans la halle de Berne Allmend, les internationaux évoluant à Wetzikon, St-Gall, Bâle et Berne ont montré les finesses de leur sport (qui se joue sans l’aide de balais).
Tous les athlètes de cette formation ont en commun le fait d’être devenus paraplégiques à la suite d’un accident (au travail, à l’armée, dans la circulation et dans le sport) et de ce fait, d’avoir commencé le curling sur le tard. « Avec tous ces matches qui nous attendent, la constitution des athlètes va jouer un rôle décisif », commente le skip Felix Wagner. Claudia Hüttenmoser (déjà présente en 2010 à Vancouver) complète en expliquant que les exigences ont énormément augmenté au cours des huit dernières années. « Avec le niveau de 2010, nous ne remporterions même plus les Championnats suisses » – Championnats qui ont d’ailleurs lieu jusqu’au 12 février à Genève.
Une tendance à devenir des « semi-pros »
Comme en curling, le fondeur Luca Tavasci (Samedan, GR) voit se dessiner la nécessité de devenir « semi-pro » dans son sport. Cet étudiant de Coire (qui présente une aplasie de la main gauche), coaché depuis cette saison par Rilana Perl (cousine de l’athlète de cadre de Swiss-Ski Curdin Perl), doit sa qualification au fait d’avoir atteint la limite B en Coupe du monde à Oberried (GER) avec une 17e place, ainsi qu’à son potentiel d’évolution.
Cet Engadinois « à un seul bras » ne s’attend pas à figurer dans le haut du classement mais en son milieu, escomptant en revanche des records personnels en termes de retard sur le vainqueur. « Luca s’est encore amélioré depuis les Championnats du monde 2017. « Nous espérons que son exemple encouragera les sportifs présentant un handicap à essayer le ski de fond », déclare Luana Bergamin, qui considère cette qualification dans un contexte plus large.
Swiss Paralympic
Contrairement à Swiss Olympic, Swiss Paralympic (SPC) n’est pas l’association faîtière des différentes fédérations sportives, mais une communauté d’intérêt entre les deux fédérations de sport handicap, PluSport et l’Association suisse des paraplégiques, au niveau du sport d’élite. « PluSport, qui a son siège à Volketswil, rassemble les sportifs présentant une déficience visuelle et les athlètes debout de toutes les disciplines, tandis que l’Association suisse des paraplégiques, qui a son siège à Nottwil, réunit les athlètes en fauteuil roulant », explique René Will (directeur de PluSport / Langwiesen), président du conseil de fondation à Berne.
Les tâches principales de Swiss Paralympic comprennent notamment les sélections pour les Jeux Paralympiques, les Championnats du monde et les Championnats d’Europe, ainsi que le financement et l’organisation de la participation des athlètes. Selon la secrétaire générale de SPC, Conchita Jäger (Lucerne), la participation aux Jeux d’hiver de PyeongChang coûte quelque 410 000 francs. Le financement de la Mission paralympique 2018 est majoritairement assuré par Swiss Olympic. « Les Jeux Paralympiques coûtent cher », expliquent René Will et Conchita Jäger, « car il faut assurer l’encadrement des athlètes. C’est pour cette raison que la délégation comporte 31 personnes alors qu’il n’y a que 13 athlètes. »
Swiss Paralympic Team