Manuela Schär, Athlétisme

L’accident à l’âge de 9 ans

L’athlète en fauteuil roulant Manuela Schär est l’une des grandes figures du sport paralympique en Suisse. Elle a grandi à Altishofen (LU). Lors de la fête d’anniversaire  d’un collègue, elle jouait sur une balançoire à l’âge de 9 ans. La balançoire n’était pas bien ancrée au sol, s’est effondrée sur elle et l’a gravement blessée au dos. Elle est paraplégique depuis lors. Elle a ensuite passé six mois loin de chez elle, en première rééducation au centre pour paraplégiques de Nottwil. Un temps extrêmement long pour la jeune fille et un défi, tant pour Manuela Schär que pour le personnel soignant.

La route vers le fauteuil roulant de course

Avant même son accident, Manuela Schär faisait du sport dans un groupe de course à pied. Il n’est donc pas surprenant qu’elle ait rapidement fait connaissance avec la communauté des sportifs en fauteuils roulants du Centre des paraplégiques. La bonne ambiance dans ce groupe l’a encouragée à s’entraîner deux à trois fois par semaine en été avec des athlètes tels que Erwin Zemp, Hugo Müller ou Franz Weber. Très vite, elle a également participé à ses premières compétitions. Toutefois, en raison de l’absence de catégorie junior, elle a dû concourir dans la catégorie élite.

Première participation aux Jeux Paralympiques

En plus du sport, Manuela Schär a terminé sa scolarité obligatoire et a commencé un apprentissage commercial. Une éducation complète était très importante pour elle et ses parents. Alors qu’elle était encore apprentie, Manuela Schär a participé à ses premiers Jeux Paralympiques à Athènes en 2004. Elle a pu participer à cet événement majeur sans aucune pression et elle a rapidement remporté la médaille d’argent au 200m et la médaille de bronze au 100m. Après Athènes, elle a suivi une formation commerciale et s’est rendue au Mexique pendant trois mois, où elle a participé à un projet humanitaire. Elle est ensuite partie aux États-Unis pendant cinq mois pour apprendre l’anglais.

Après cette longue pause sportive, c’était un grand défi pour Manuela Schäre de rattraper ses performances précédentes. Aux Jeux Paralympiques de Pékin en 2008, qui étaient alors les plus importants pour elle, elle a pu se surpasser une fois de plus grâce à son infatigable combativité dans le 200 m et remporter la médaille de bronze grâce à un nouveau record personnel. Après cela, elle a changé beaucoup de choses, a changé d’entraîneur et a ajouté la distance du 800m à son programme de course.

Le passage aux longues distances

Lors des courses de sélection pour les Jeux Paralympiques de Londres au printemps 2012, Schär était en excellente forme. Malheureusement, elle n’est pas en mesure de maintenir cette forme jusqu’aux Jeux de Londres et tombe dans une période creuse. Elle est revenue de Londres déçue et sans médaille. Avec le recul, cependant, Londres est la meilleure chose qui pouvait lui arriver, a déclaré Manuela Schär : “Les Jeux m’ont ouvert les yeux. J’ai eu beaucoup de temps pour penser et réfléchir après Londres.” En conclusion, elle change à nouveau d’entraîneur et se recentre sur les longues distances (1500m à marathon). Elle a toujours aimé suivre les longues courses sur piste et est fascinée par les astuces et les possibilités tactiques. Dès sa première saison de marathon, elle est devenue “championne du monde de marathon” à Lyon en 2013 et a obtenu des podiums dans tous les grands marathons des années suivantes.

Les Jeux Paralympiques de Rio ont écrit une autre histoire malheureuse pour Manuela Schär. Les athlètes des États-Unis et de la Chine ont été extrêmement dominants et ont utilisé leur supériorité numérique pour des manœuvres tactiques d’équipe. Malgré sa bonne forme, Schär n’a pas réussi à dépasser l’armada chinoise et américaine dans les courses sur piste et a dû se contenter de places hors du podium. Cependant, elle a encore beaucoup appris lors de ces courses et a pu affiner son sens tactique.

Ce que Manuela Schär apprécie particulièrement dans l’athlétisme en fauteuil roulant, c’est que c’est un sport extrêmement dynamique. En outre, la densité de performance est élevée, ce qui rend les courses extrêmement excitantes. Ce sport ne s’apprend pas du jour au lendemain ; il faut des années de travail acharné pour maîtriser la technique parfaite permettant de propulser rapidement le fauteuil de course. Aux yeux de M. Schär, une bonne endurance et une bonne résistance sont d’autres points importants pour le succès.

Gagnante du “Abbot World Marathon Majors”.

Manuela Schär détient le record du monde sur 800m (T54) et sur la distance marathon.  El la saison 2018 était surtout un grand succès en marathon. Elle a remporté tous les marathons des grandes villes, de Londres à New York, Boston, Berlin et Tokyo. Ce faisant, elle a également remporté la série générale des “Abbot World Marathon Majors” et a poursuivi ces réalisations de manière transparente en 2019. À Londres, elle est une nouvelle fois couronnée championne du monde de marathon.

Les prix à gagner lors de ces grands marathons ont permis à Manuela Schär de réduire régulièrement sa charge de travail. Aujourd’hui, elle travaille encore à 20% pour garder un pied dans le monde du travail. En outre, elle s’entraîne six jours par semaine. En plus des séances dans le fauteuil roulant de course, son programme d’entraînement comprend des séances en salle de musculation.

Fauteuil roulant de course en carbone

Mais Manuela Schär n’est pas seulement extrêmement professionnelle dans sa formation. Elle établit également de nouvelles normes dans le domaine des matériaux. Elle est membre de l’équipe Honda depuis 2017 et bénéficie d’un fauteuil roulant de course en carbone adapté individuellement à ses besoins par Honda. À cette fin, elle a visité l’usine Honda au Japon après le marathon de Tokyo 2017, où elle a été entièrement mesurée en 3D. Manuela Schär apprécie grandement ce soutien. Par exemple, Honda met à sa disposition un mécanicien sur place pour les courses les plus importantes. En outre, elle peut transmettre ses idées pour le développement futur du matériel et les faire mettre en œuvre.

Grâce à ce lien fort avec le Japon, Manuela Schär se réjouissait beaucoup des Jeux paralympiques de Tokyo, où elle a finalement réussi à atteindre l’objectif tant attendu : rentrer en Suisse avec des médailles paralympiques autour du cou. Ce fut clairement le cas avec ses cinq médailles gagnées. Manuela Schär a remporté trois médailles d’argent (1500 m, 5000 m, marathon) et deux médailles d’or (400 m, 800 m) à Tokyo, réalisant ainsi le rêve qui lui avait échappé à Londres en 2012 et à Rio en 2016.